vendredi 12 janvier 2007

Thèse: the Reply

Je suis estomaqué. Et je choisis mes mots sans grande précision. J'aurais pu dire: je me sens bafoué, vilipendé, assommé, conspué, ridiculisé.

La réponse de l’Université de Napierville fut prompte, mais décevante.

Pour je ne sais quelle raison, cette très imaginaire insitution a refusé d’accueillir ma thèse. REFUSÉ. On serait frustré à moins.

Parce que j’ai juré de tout dire, je reproduis les lettres de M. Pérec.

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Cher Monsieur,

Obvieusement, vous avez, de l'Université de Napierville, une vision découlant de plusieurs heures de lecture.
Permettez qu'en contrepartie, nous fassions de même en étudiant ce que vous avez publié sur internet et dès que ce sera fait, nous vous reviendrons.
Mettons d'ici vingt-quatre heures.
En attendant, nous vous saurions très reconnaissant, si ce n'est déjà fait, de consulter la page suivante qui résume notre «transgénie» à nous : ailleurs

Obédieusement vôtre,

Herméningilde Pérec
Secrétaire

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Cher Éric,

Je n'ai surtout pas voulu vous lire dans un ordre autre que celui que vous avez utilisé et que vos «correspondants» (?) vous ont, il m'a semblé à un moment donné, imposé.
Si j'ai bien compris, le tout, sur votre site, commence par un texte intitulé «Les rudiments» daté du 18 novembre 2006.

Ce texte se poursuit par un autre intitulé «Les rudiments bis» daté du 21 et puis ont suivi :
- Ancêtres transgéniques (24 nov.)
- Au-delà du plagiat (26 nov.)
- Law and Order (29 nov.)
- Patience ! Please (non daté)
- Test no. 237 ou «La révocation de Lady Denante» (1 déc.)
- Défense et illustration (5 déc.)
- Communiqué de presse (non daté)

Pour se continuer par «Défense et illustration, prise 2» (8 déc.)

Faut-il ajouter que j'ai lu, je crois, tous les commentaires (mais rapidement, ceux-là).
Est-ce que j'ai bien suivi ?
Sinon, dites-le moi.

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Ma réponse à votre question, à savoir si votre thèse peut faire partie de celles qu'on défend présentement à l'UdeNap est non, mais un non avec beaucoup de nuances.
D'abord, laissez-moi vous dire que c'est un plaisir de vous lire car, sauf quelques reproches à vous faire en ce qui a trait aux explications que vous vous sentez obligé de donner (et que je comprends étant donné le sujet traité), le texte est limpide, bien structuré et d'une rare qualité (enfin : de nos jours).
L'idée, elle, n'est pas neuve. - Je suppose que vous connaissez l'OULIPO.
On y a déjà publié, ou par son entremise, des poèmes d'une rare qualité fabriqués à partir de vers de différents poètes (suffisait d'entremêler les rimes) dont certains - je pense à ceux qu'on a fait à partir de vers de Baudelaire - dépassaient presque ceux que Baudelaire lui-même a pu écrire. Faudrait relire Perec également qui, à l'intérieur de sa Vie, mode d'emploi s'est servi d'anecdotes et de citations qu'avec un peu de patience, on retrouve chez la plupart des auteurs classiques. Il y a même mêlé la peinture, l'architecture et les arts du spectacle, avec brio.
Rien d'anormal (ni même de répréhensible) à vouloir continuer dans la même veine sauf que - et là je vous fais un reproche tout personnel car, hélas, je suis peu versé dans la littérature contemporaine - j'ai cru lire dans vos projets des mélanges auxquels il faudrait être très connaisseurs pour s'y retrouver : Zola et Potter, par exemple. (Je connais Zola mais pas Potter et je me demande qui pourrait rendre Zola intéressant aujourd'hui.)
Dans un certain sens, comparer cela à des tomates qui ne gèlent pas, encore faudrait-il savoir le goût des tomates qui, elles, gelaient, ce qui est devenu de plus en plus rare...
Mais tout cela est d'une critique décourageante, c'est-à-dire que, si je me permets de questionner la méthode, je ne remets vraiment pas en question l'utilisateur ou, si vous préférez, l'inventeur de ladite méthode.
Le principe, voyez-vous, du moins tel que je le conçois (et vous pouvez à cet égard questionner ma conception et ma méthode), c'est qu'on ne lit pas des textes mais un auteur et puis, pour citer Proust, on ne lit pas non plus l'auteur mais soi-même et, en ce sens, je ne sais pas si ce que vous êtes finira par «passer» à travers vos textes et, en conséquence, si un lecteur finira par se comprendre en vous lisant.
Mais tout cela est une autre histoire.
En d'autre mots : lire Zola, oui, lire Potter, oui ; mais lire Éric Lint à travers Zola et Potter, je ne sais pas sauf si c'est très évident.
Ce que je voudrais vous dire, quand même, c'est que si votre théorie est valable, il ne reste qu'une seule chose à faire : c'est de le mettre en pratique et non pas la cerner, la définir ou la transmettre sous la forme d'une thèse à moins que la thèse, elle-même, soit le fruit de votre façon de concevoir la littérature d'aujourd'hui, une sorte de méli-mélo où tout se publie et dans un désordre si total qu'on puisse facilement retenir de deux romans l'équivalent d'un seul.
Alors là ce serait publiable mais avec combien d'exemples !
Le Misanthrope empruntant La Machine à voyager dans le temps de Wells en est un qui me vient à l'esprit.
Quoi qu'il en soit, ne vous sentez pas rabattre par un vieux fou qui se perd dans ses propres méandres et qui, comme vous, a été un grand lecteur dans l'infini mais qui commence à trouver l'infini bien petit depuis quelque temps...
Vous pourriez écrire un conte à partir de, je ne sais pas, moi, Maupassant ET Voltaire ?
Ça, ça m'intéresserait.

Au plaisir de vous relire et, surtout, ne vous gênez pas pour me dire votre façon de penser,

Herméningilde Pérec

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Malgré tous les compliments, que je reçois avec modestie, il va sans dire, c’est quand même un non… Ils ne veulent pas de ma thèse.
Un autre NON !
Ils se multiplient comme des lapins.
Des lapins verts fluo à la Lewis Carroll.
Pour l'OULIPO, je répondu du tac au tac: me demander si je connais, c'est comme demander à Ève si elle a déjà mangé de la tarte aux pommes... Non mais, quand même!

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Très cher Éric,
Comment faire pour te redonner un peu le moral...
Au fond, tu me rappelles mon ex mari, Earl. Comme toi, c'était un être légèrement différent. C'est d'ailleurs ce qui m'avait plu chez lui.
Son truc, c'était plutôt le magnétisme. Oh, tu me diras qu'il n'y a là rien de très original. On pense tout de suite à Mesmer. Mais pour Earl, c'était différent. Il était surtout fasciné par les travaux de Nicolas Tesla, un bien curieux personnage d'ailleurs.
Earl était convaincu que l'on pouvait parvenir à détruire les virus par le magnétisme. Les expériences qu'il a menées en ce sens, tu ne peux pas imaginer! Il appuyait ses travaux sur les recherches effectuées par son équipe (pour ne pas dire son harem... ce qui fut d'ailleurs à l'origine de notre rupture définitive... mais ça c'est une autre histoire...) de voyantes, les Infiammate, dont j'étais pour ainsi dire la chercheuse principale, d'où mon surnom de Grande Pythoune... (soupir...)
Son projet d'électro-magnétisme anti-viral a connu à un moment un certain succès. Il est parvenu à faire accepter son protocole de recherche auprès de l'Agence de santé publique du Québec et, c'est en compagnie de chercheurs réputés mondialement qu'il est allé, à trois reprises, faire la démonstration que son appareil, somme toute, ne fonctionnait que dans mon (pardon, son) imagination.
Mais Éric, je tiens à te rassurer. Ce n'est pas parce que Earl a échoué que ton sort se révèlera de la même farine.
Persévère, très cher éric, je vois que tu réussiras très bientôt à trouver l'issue qui te permettra d'entrer à l'U.de Napierville et, par la grande porte en plus !
Amitiés,
Edith Green