mercredi 30 avril 2008

G-2.0

Chère lectrice,
j’ai voulu vérifier si j’avais été le premier à parler de la G-2.0. Je suis systématique quand il le faut. Emmanuelle Alba y est allé à fond de train et en moins de temps qu’il en faut pour retourner une crêpe (0,26 secondes!), elle a trouvé, sur Google, 8 490 000 mentions du terme. Rien que ça...
Hum! Réduisons nos attentes.

Chère lectrice,
je peux maintenant affirmer, sans me tromper, que j’ai été l’un des premiers. Bon, j’avoue, ce n’est pas aussi glorieux que d’être le premier, mais au moins je ne suis pas le dernier. Ha!
Je suis par contre le premier à faire de la G-2.0 : LTG.
Ce sera ma marque de commerce.

J’ai été tout de même étonné d’apprendre que des livres avaient déjà commencé à être publiés sur la question.

Ainsi, l’ineffable Ben Rigby, fondateur et pdg de Mobile Voter (rien de moins!), vient de rédiger un essai sur la G-2.0. Ça s’intitule Mobilizing Generation 2.0: A Practical Guide to Using Web 2.0. Technologies to Recruit Organize and Engage Youth. Je n’ai aucune intention de lire l’opuscule qui doit être tout aussi insignifiant que son titre. Mais quand même! À peine la génération existe-elle qu’on tente déjà de la mobiliser! C’est du virtuel concret pas à peu près...

Chère lectrice, il en est même question en long et en large sur Marcom Blog, le fameux site consacré à euh... bien disons à Marcom Aix.
Je pourrais vous résumer la chose, mais je préfère livrer les réflexions de ce cher Marcom dans une traduction signée Babel Fish. J’aime bien ces traducteurs automatiques... Ils nous livrent une marchandise très G-2.0. Tout croche, tout de travers.
Or donc, voici ce que le monsieur dit (et je ne peux m'empêcher de mettre en caractère gras les perles):

« L'avez-vous vu ou lui avez-vous senti ? Quelque chose se produit. C'est réellement une expression populaire sur les rues de Silicon Valley de nos jours. Mais ce n'est pas une côte gauche, bonne chose de côte.

Vous êtes, nous sommes, impliqué dans une transformation de la proportion épique (vous avez vu ceci ainsi un léger calembour est prévu, et
des travaux donné le contexte de ce poteau).

Au milieu des générations marquées baby boom, X, et Y, là a émergé une place des individus qui est changeante et rétablissante les « affaires » dans le concept des 'affaires comme d'habitude,' que nous le savons. »

Chère lectrice, ne me demandez même pas ce que cela veut dire.... Même avec le protocole TRANSLIT, je n’arrive pas à des résultats aussi sidérants.

« Ils représentent un espoir attachés à un bourdonnement toujours croissant autour de ce qui est possible. Une nouvelle main d'oeuvre est programmée et la main d'oeuvre reprogrammée-un qui a été transformée par l'innovation ; une main d'oeuvre qui transformera des industries comme nous les savons (affaires, médias, P.R.).

Ils ne seront pas marqués avec une lettre, mais plutôt un nombre de version. Comme le cycle du développement de produit dans le monde de la technologie (désolée, je suis un type de P.R. de technologie), ils reflètent une transition de la première version à la prochaine génération-version 2.0. Pas GEN-X, pas GEN-Y, mais génération 2.0.

Outre de la manchette et nullement complet, laissez-nous considèrent les 2.0 grande image. Le développement du Web 2.0 (technologie) alimente l'environnement des affaires 2.0 (affaires), qui autorise alternativement de nouveaux producteurs de médias (des goûts des Un-listeuses comme Scoble et Battelle même aux zz-listeuses les plus obscures comme me ou améliorez pourtant ma soeur et son armée des amis de MySpace). »

Voilà.
Ne me remerciez pas. Maintenant vous savez tout. C’est transcendant.
Je vous le dis, la G-2.0 raflera tout sur son passage.
Et je ferai taire les sceptiques.

mardi 29 avril 2008

Le match du siècle!

M. Suprenant est un sceptique.
Cela n’a rien de bien heu... surprenant.

Je pensais qu’il voulait me féliciter pour ma proposition, quand il m’a demandé de venir le rejoindre à son bureau. Que non... Qué no! Comme dans Raymond évidemment.
Il m’attendait avec une brique et un fanal. (Et il ne mâchait pas ses mots : « Tabarnak, Éric, t’as-tu fini de faire des conneries? Ostie, assis-toi...)
Il n’était pas seul. Jean Calumet, doyen de la faculté des arts et du commerce, un ogre, bedonnant, avec des lunettes aviateur, y était aussi. Il grommelait. Il ne lui manquait qu’un cigare pour que le portrait soit complet.
Je devais arrêter toutes affaires cessantes d’harceler M. Renard, recteur de notre divine institution en faillite. Il semble, a précisé M. Suprenant, que M. le Recteur, fin ha ha comme il se doit, n’appréciait pas outre mesure les multiples lettres que je lui avais fait parvenir pour le convaincre de faire prendre à notre institution le virage de la génération 2.0. (Suprenant ne mâchait pas ses mots : « On n’en a rien à foutre, ‘stie! C’tu clair? Saigne tes breaks... »)

J’étais pantois.
Quoi?
Du foutre? Pantoute...
C’est la voie de demain.
La voie de la main.

Consterné, étais-je. Ils n’avaient pas compris que je leur offrais la poule aux œufs d’or. Un avenir radieux s’ouvrait, et ils en étaient encore à chipoter sur des virgules et des formules d’usage. (Bon d’accord, j’aurais pas dû traiter le rectum de trou du... Mais quand même, on ne transforme pas le futur d’un simple coup de baguette.)

« C’est quoi au juste la génération 2.0? » m’a demandé M. Calumet, qui ne voulait pas me laisser en paix et qui semblait bouloir me dévorer des yeux.

« Vous n’avez qu’à vous pencher et à regarder par le fenêtre de votre bureau », lui ai-je répondu, le sourire aux lèvres. « Elle est là tout autour de nous. Au coin de toutes les rues, dans les cafés, attablée autour d’une bière rousse, dans le métro et les autobus. Et plus important encore : elle est dans les couloirs de notre université, dans ses salles de classe, n’attendant, comme un papillon dan son cocon, que de voler de ses propres ailes en écoutant sa musique son Ipod.
La G-2.0 (ça fait mode, non?) écoute évidemment des chansons téléchargées sur son téléphone portable ou son Ipod. Elle lit le texto dans le texte et n’est jamais loin de son clavier. Elle connaît les principes du T-9. Son réseau la suit partout.
Elle est branchée. Auparavant, cela voulait dire à la mode, maintenant, c’est littéral : elle est branchée à son portable, à son réseau Internet et à son compte de banque, de plus en plus sollicité.
Sa nature est participative. Elle est sur Facebook, MySpace, Flick’r, Ringo, Marlot, etc.
Elle est un être essentiellement sémiotique (M. Calumet a sourcillé, il n’aime pas ce terme qui fait vieille garde). Elle envoie des signes partout et tout le temps. La fonction phatique est, avec elle, surdimensionnée. C’est le contact qu’elle recherche, l’assurance que le contact est maintenu.
Quand elle téléphone à un ami, la première question qu’elle pose est : où es-tu? Elle ne connaît qu’une seule logique économique : celle des versements égaux mensuels. Le pire est que cela ne lui fait même pas peur…"
M. Suprenant et M. Calumet se regardaient, incertain s’ils devaient me laisser continuer ou me foutre à la porte. J’ai fait comme si de rien n’était.
"La génération 2.0," ai-je continué, "c'est-à-dire nos élèves, ceux que nous croisons chaque jour dans les couloirs, portent des tatouages aux endroits stratégiques de leur corps, et des piercings tout près des zones érogènes. Il sont nés une souris d’ordinateur dans les mains, et ont grandi le nez collé à l’écran de l’ordinateur.
Le virtuel est leur réalité.
Le passé est une grande masse informe, légèrement angoissante. Le futur est un monde sans fin. Leur temps est le présent, mais un présent obsédé par sa propre définition, par sa propre temporalité.
C’est le présentissime. Tout le temps le présent, rien que le présent, qui s’invente selon ses besoins un passé et un futur qui lui correspondent."

« C’est assez! » a crié M. Suprenant. « Assez de sornettes... Et qu’on ne vous y reprenne plus. Une autre lettre à notre très cher recteur et vous êtes à la porte.... Est-ce clair? »

Dans le couloir me ramenant à la chaire, je n’avais qu’une seule idée en tête, leur montrer que la G-2.0 existait bel et bien. Et plus encore. Qu’elle constituait en fait le lectorat par excellence de la littérature transgénique.
Les deux étaient liés, évidemment.
Je devais finir d’inventer la littérature transgénique pour l’offrir à la G-2.0!
C’était la quadrature du cercle (ou quelque chose du genre, je ne suis jamais certain de savoir ce que veut dire cette expression, mais ça me fait un p’tit velours de l’utiliser).
Je serai le Nobel du 21e siècle. On ne me remerciera pas assez.

vendredi 25 avril 2008

WE HAVE A WINNER!

Ce n’est pas sans une certaine émotion, que nous pouvons enfin déclarer un gagnant.
Après de multiples délibérations, un jury composé d’Emmanuelle Alba, de Miss Victoria W et de votre humble serviteur, Éric Lint, a trouvé le meilleur slogan pour vanter les mérites de l’Université de Villeray à Montréal.
Oui, Monsieur!
Confronté à une avalanche de propositions, suite à ma dernière entrée, je n’ai eu d’autre choix que de procéder par jury afin de ne pas faire de mécontents. J’ai approché Emmanuelle, qui a accepté sur le champ (je la paie grassement, elle ne peut me refuser ces petits caprices). Quant à Victoria W, il a fallu que je prenne des gants blancs en caoutchouc. Mais, c’est une autre histoire…
Après de multiples délibérations, quelques bouteilles d’eau aromatisée au zeste de citron, et un long diner dans un buffet chinois de mon choix (tradition héritée de mon paternel qui s’y connaissait en spare ribs), nous nous sommes entendus et le premier prix a été décerné à un dénommé Bee Gee, pour sa proposition d’une originalité à toute épreuve.
Roulement de tambour…

Je vous donne :

L’UVAM, L’UNIVERSITÉ DE LA GÉNÉRATION 2.0!

(Imaginez : des cours sur youtube, des travaux produits par générateurs de texte, des ateliers de lecture sur Second Life, des présentations étudiants sur Facebook et des travaux remis sur myspace. La totale!)

Je savais que vous alliez apprécier.

Aussitôt les résultats annoncés, j’ai fait parvenir le résultat de notre petit concours à messieurs Suprenant et Renard, respectivement directeur du Département des arts du texte et recteur de notre très chère et endettée université; et j’attends avec impatience leurs réactions. Ils ne peuvent qu’être étonnés du slogan choisi, et enthousiasmés par ce tournant que nous pouvons faire prendre aux études universitaires.
Imaginez, la Télé-université, mais en vrai!
Des sites réunis en un seul portail, une écriture collaborative, des lieux d’amusement et d’enseignement. Il est temps de penser l’humanité comme une immense ruche.
Des internautes comme des petites abeilles.
Et moi, et moi, et moi…

Une révolution entière… et c’est Éric Lint, titulaire de la chaire de recherche en littérature transgénique, qui en aurai été l’initiateur. J’aurai un timbre à mon effigie. Un pavillon à mon nom. Des salles de spectacle.
On fera de moi un personnage de roman! Comme ces scientifiques qui peuplent les romans de ce siècle.

Vive l’UVAM
Vive la génération 2.0.
Vive la CRLT.
Vive moi.

p.s. si quelqu’un peut avertir le gagnant de venir chercher son prix aux locaux de la chaire, un magnifique coupon rabais du Café de la Craie, il me rendrait un grand service. Merci.