dimanche 18 novembre 2007

Dernier tesson

Et maintenant qu’est-ce que je fais? (il y a sûrement de l’écho…)

J’y touche à nouveau ou je mets le tout dans un sac en plastique scellé que je vais déposer dans une poubelle publique, le plus loin possible de la Chaire?

Je parle du manuscrit de Taramacouta, vouz aurez compris, chère lectrice (les autres, qui ne me lisent pas assidûment, n'ont qu'à retourner au précédent billet, histoire de se rafraîchir la mémoire. Et, la prochaine fois, si ça continue, je fais passer un examen).

Je descends au sous-sol de l’Université et je trouve l’incinérateur le plus près, remettant au feu ce qui n’aurait jamais dû lui échapper?

Je me rends au bord du fleuve et, d’un grand geste de lanceur de relève, je pitche, le mot est précis, le satané manuscrit de Tamaracouta la damnée, espérant qu’il coule au fond de l’eau comme une pierre des champs?

Je m'arrête au bord d'un précipice et, comme un enfant jette négligemment l'enveloppe du chocolat qu'il est en train de déguster, je laisse tomber la masse informe du journal aux pages préalablement détachées dans le vide qui s'ouvre à mes pieds et qui l'avale goulûment, comme le veut la métaphore?

Je vais aux abords de l’autoroute Ville-Marie, la 720, et au moment où un poids lourd passe en trombe, j'abandonne à son destin le journal brûlé qui, frappé de plein fouet par la masse en mouvement du camion, se déchire en mille morceaux qui volètent entre les murs compacts du tunnel?

J’ouvre discrètement la salle du département des arts du texte et je mets en marche la déchiqueteuse à papiers qui a tôt fait de réduire le manuscrit en un ensemble vaste mais fini de languettes de papiers, toutes plus illisibles les unes que les autres?

Je me rends dans une porcherie et donne aux cochons qui s’y trouvent en grand nombre les diverses pages imbuvables du journal à manger, histoire de vérifier que les acides gastriques sont bel et bien capables de passer au travers de la prose corrosive de Tamaracouta?

J’égrène les possibilités, mais dans mon for intérieur, je sais bien ce que je n’ai d’autre choix que de conserver le manuscrit précieusement. Je me sens comme un inventeur au seuil de sa plus belle découverte, et la peur qui me tenaille les intestins n’est qu’un signe avant coureur des merveilles que je risque de découvrir en poussant plus loin mon investigation. Je ne peux détruire le manuscrit de Tamaracouta, cédant comme Faust au chant de Méphistophélès.

Je me dois de faire fructifier cette ressource incroyable, comme on a harnaché les rivières du grand Nord pour en faire de l’électricité.

Il me reste à découvrir comment procéder. Quoi faire pour ne plus m’évanouir comme je l’ai fait cet été.

Je ne veux plus réentendre la voix infecte de cet auteur de malheur qui réapparaît à heure fixe pour me rappeler à l’ordre. Et on s’en fout de sa maudite demande de subvention. Il n’avait qu’à ne pas la commencer. Je ne suis pas responsable de ses décisions, pas plus qu’il ne l’est des miennes.

Voilà, tout est dit.

Le refoulé a été retourné, un peu comme un livre à la bibliothèque, quand on est légèrement en retard. On se sent coupable, mais l'amende, même si elle est ridicule, nous énerve pareil. Il est temps de passer à autre chose.

samedi 17 novembre 2007

Troisième tesson

Parfois je me sens comme dans un pays lointain, la Suède enneigée ou la pluvieuse Norvège. Des fjords à perte de vue et des couronnes sucrées.

Où en étais-je?
Ah oui…
L’ATN de Berger.

Dès le lendemain, en cachette d’Emmanuelle Alba, que je voulais surprendre avec des résultats qui risquaient d’émerveiller la communauté internationale dans son entier (Suède et Norvège incluses), j’ai commencé à travailler sur le livre de Berger. Je me suis concentré sur les phrases qui comportaient les mots « Adde », « île », « créer », mots lemmatisés comme il se doit. S’il était vrai que l’architecte Saul Adde était un artiste d’une puissance d’imagination inégalée, il devait être possible de récupérer une partie de cette force dans les textèmes du roman.

Je me suis aussi efforcé de récupérer des composants crédibles de l’ATN de J. R. Berger depuis sa signature. J’y ai mis quelques jours, mais je suis arrivé à une séquence qu’il me semblait convenable. J’avais cent cinquante huit paires d’oppositions thémiques, qui se regroupaient aisément en grappes imaginaires d’un poids supérieur aux idées fixes et aux stéréotypes. C’était déjà un résutlat impressionnant. Et c’est avec un enthousiasme fébrile que je me suis attaqué au texte de L’île des Pas perdus, cherchant à faire réagir les textèmes avec les paires thémiques.
J’ai essayé toutes les combinaisons possibles, mais sans succès. Oh! le protocole TRANSLIT, parvenait à s’enclencher et à générer un flux textuel ininterrompu. Mais les phrases produites revenaient au même, une série steinienne de mots sans véritable signification, où les lexèmes «Icare », « craie » et « carie » revenaient sans cesse, des permutations sans signification des mêmes lettres.

C’est à ce moment que je me suis souvenu du journal de Tamaracouta.
Je l’avais scellé et déposé dans le réfrigérateur de la Chaire.
Si mettre du Berger sur du Berger ne donnait que des permutations à l’identique, peut-être qu’en variant les ATN, intégrant celles de la dénommée Tamaracouta par exemple, j’obtiendrais des résultats inattendus.
Je ne perdais rien en essayant, c’était évident.
J’ai sorti le manuscrit plein de suie de son enveloppe plastifiée. J’en ai découpé un très léger segment, à peine quelques syntagmes dans l’une des dernières pages et j’ai commencé à en préparer le traitement.

Il s’agit dans un premier temps de déblanchir la phrase, opération élaborée par le Docteur Racine, que je remercie ici pour son aide précieuse dans le traitement des phrases. Pour ce faire, il s’agit de découper le papier sous le mot, de même que sur le mot, afin de laisser l’impression qu’il flotte littéralement sur la page. Par la suite, on se rend encore plus loin, et il faut séparer le mot de la page, le décoller en quelque sorte des fibres de papier. Cela prend un scalpel d’un type particulier qu’on opère à l’aide de l’ordinateur, pour plus de précision. La lame du scalpel passe sous le mot et le décolle comme une cornée.
Pendant quelques temps le mot flotte librement sur la page et il faut le capter avant qu’il ne se décompose. Il faut faire vite et attention, car on peut facilement se couper avec le bout de la lame du scalpel. Le sang se répand et le manuscrit se trouve taché ce qui n’aide pas à la conservation des mots et de leur potentiel transgénique.
Avec le journal de Tamaracouta, dans mon énervement, j’ai voulu trop rapidement récupérer les mots déblanchis et lévitant sur la page et le bout de mon pouce a effleuré la lame du scalpel et une goutte de mon sang est tombée sur la page brûlée et, par souci de propreté, j’a voulu la ramasser le plus rapidement possible et du bout du mineur j’ai tenté d’essuyer la page maculée et les pores de ma peau sont entrées en contact avec mon sang, mais surtout avec l’encre des mots rédigés par Tamaracouta, et tout s’est mis soudainement à valser et j’ai vu un incendie comme s’il se produisait sous mes yeux et les cheveux noirs de Tamaracouta brûler et j’ai vu l’ombre d’un homme s’avancer en bredouillant des mots incompréhensibles – si j’essaie de me souvenir, je crois que cela ressemble à « sur le bout de la au cœur de la une pensée », un vrai galimatias, je vous jure –, et j’ai vu des étoiles comme quand on reçoit un coup sur la tête et puis c’est tout, vous avez bien lu, c’est tout, vous pouvez arrêer de lire il n’y a plus rien à dire ni à lire je me suis évanoui, comprenez-vous, évanoui, comme on écrase un moustique entre ses deux paumes, schplauck! il n’y a plus qu’un minuscule amas de matière organique. Et quand je m’évanouis, je peux vous le certifier, il ne se passe plus rien dans ma tête sauf de sombres pensées qui ne devraient jamais être partagées, vous pouvez arrêter de lire je vous le demande expressément.

Ah merci, ça va mieux.
J’ai mis le doigt sur une plaie vive et je me suis évanoui. Je suis tombé dans un coma.
Jusqu’à ce que l’auteur m’implore de revenir à la vie.
Et maintenant vous savez tout. Du moins, vous en savez autant que moi.
We’re now even…

Il me reste une question : et maintenant qu’est-ce que je fais?

jeudi 15 novembre 2007

Deuxième tesson

Mes oublis… Comment dire, mes absences!

Un coup de foudre s’est abattu sur ma personne transformant ce pauvre Éric, bibi, en Thésée égaré sans Ariane dans le labyrinthe de ses souvenirs perdus. Pff!

J’ai mis le bout de l’index droit sur un mot et, zap!, un rire solennel a suivi ma descente aux enfers où Hadès m’a accueilli à bras ouverts, m’offrant son plus beau siège, un noble banc de bois recouvert de vignes qui serpentaient de ses pattes au dossier. Après, je le jure, je ne me souviens de rien.
J’ai encore mal aux fesses, comme si on m’avait arraché quelque chose, mais bon, je préfère ne pas entrer dans le détail.

En partant, la jeune fille, Caroline, que son papa a récupérée dans une effusion d’émotions tout aussi exubérante qu’attendue, m’a laissé un cadeau. Un double cadeau.
Elle n’a pas fait exprès, j’en mettrais ma main au feu. Quand son père est arrivé, elle était encore au clavier en train de raconter ses aventures et tâcher de faire revivre son amie morte. Au moment de partir, au lieu de ramasser ses deux livres, elle a choisi plutôt de retourner à l’ordinateur et de s’envoyer par courriel son texte, histoire de ne rien perdre de son histoire justement, les mots se passent le bâton, je vous assure.
Quel étrange siècle… On s’envoie maintenant à soi-même les missives qu’on ne veut pas perdre!

Saisissez-vous les conséquences de cette dernière phrase?
Non?
Chère lectrice, non, ce n'est pas ça... Mes jeux de mots n'ont pas pris un mauvais tournant après mon sommeil sans âme prolongé. Ils étaient déjà comme ça avant. Et je m’insurge contre votre évaluation de mes talents d’écrivain. Selon vous, j’aurais dû décrire en long et en large la scène de réunion de Caroline et de son père, entrer dans les détails de leurs émotions confuses et conflictuelles. Peindre un portrait saisissant de cette réunion dans les couloirs stériles de mon Département des arts du texte. Grossir les traits pour émouvoir mon lecteur, qui en a vu d’autres. Mais je sais de source sûre – c’est J. R. Berger lui-même qui me l’a dit – que la retenue était, dans ce cas-ci, nécessaire et requise de toute urgence. Et je ne joue pas avec les émotions des autres, j'ai assez de difficulté à m’occuper des miennes.



Que disais-je donc avant qu’on interrompe de si inopportune façon? Ah oui… Le cadeau. Caroline a laissé traîner sur mon bureau, tout près du clavier blanc de mon ordinateur principal, les deux volumes qu’elle transportait avec elle.
Il y avait bien sûr les restes du roman de son papa, L’île des Pas perdus, en partie brûlé; et, vous vous en doutez, le cahier de son amie Tamaracouta.
J’aurais dû dès le départ jeter ces deux cadeaux empoisonnés aux poubelles, mais je ne l'ai pas fait. J’ai préféré plutôt vaporisé du Lysol dans mon local, afin de cacher l’odeur de brûlé que les deux codex exhalaient.
Je les ai conservés.
CONSERVÉS.

Et j’ai décidé de m’en servir. De les passer au protocole TRANSLIT.
Ce n’est pas tous les jours, voyez-vous, que j’ai droit à des manuscrits. Que dis-je: à des manuscrits de première génération. Écrits de la main même de l’auteur. Le journal de Tamaracouta n’est pas publié, on ne parle pas d'Anne Frank, je vous l’accorde. Mais, si je devais en croire Caroline, il y avait là un manuscrit d’une étonnante puissance. Un manuscrit où le texte et le monde étaient en parfaite harmonie.
Je ne le crois pas vraiment, j’ai trop vu neiger pour ça. Mais, tout de même, un manuscrit presque vierge, même si en partie carbonisé, ça ne court pas les rues...

Et le roman de ce J. R. Berger valait bien un Jacques Ferron ou un Lewis Carroll, si je déchiffrais correctement le quatrième de couverture. Pas de fausse modestie.

J’ai toujours aimé les îles, il était donc facile de jeter mon dévolu sur ce roman. Et j’en connaissais l’auteur, je lui avais serré la main. J’avais même son adresse, écrite de sa propre main. Si je faisais attention, je pouvais récupérer une partie de son ATN.

ATN?
Chère lectrice, ton ignorance me surprend toujours.
Acide textuo-nucléïque…
Les particules élémentaires de l’identité auctoriale.
Une vraie mine d’or.


Et je me suis mis à la tâche…

samedi 3 novembre 2007

Le livre brûlé

J’ai des absences, je l’avoue.
Je ferme les yeux et je disparais, littéralement, de la face de la terre.
Mon esprit part à l’aventure, je croise des paysages hallucinés faits de voiles noirs, de cahiers rouges, d'idiots qui ne parviennent pas à compléter leurs phrases, de maisons de feuilles, de démons et d'enfants qui avalent des grenouilles. Vivantes.
C’est confus, sombre aussi parfois, et très dense.
Nathaniel, Paul, William, Mark, Fyodor et John. Ce sont mes apôtres.
Et j'ai les mains gercées.

Quand je me frotte les yeux, un feu s’allume et je vois un livre brûler. Un autodafé imaginaire. Mais la brûlure est réelle.
Je commence à recoller les morceaux.

TESSON N°1
Caroline.
Le premier éclat, c'est Caroline, cette jeune fille qui est passée à mon bureau. J’ai déjà commencé à le raconter. Mais elle est revenue, et quel cadeau elle m’a laissé! Quel cadeau… Ma vie n’est plus la même depuis.
Je travaillais d’arrache-pied à compléter mon expérimentation sur un hypnotexte, le treizième de la série, je crois, quand elle est réapparue. Un peu plus sale, ses cheveux totalement dépeignés, les joues rougies par l’épuisement. Elle sentait la suie.
Dessine-moi une couleuvre, m’a-t-elle demandé. Et moi, l’idiot, je l’ai avalée. Je l’ai avalée. Je l’ai avalée.

- Vous m’avez dit que vous pouviez changer les histoires, m’a-t-elle supplié en entrant. Leur ajouter des choses, modifier la fin ou le début.

Et moi, j’ai acquiescé. C’est le propre du protocole TRANSLIT de modifier les textes. Je ne pouvais pas dire le contraire…
Elle a sorti de sa poche un étrange cahier. Un Canada, aux pages désuètes. Les bords en étaient brûlés, la couverture maculée, le tout sentait affreusement mauvais.

Elle l’a déposé sur ma table, dans un geste de défiance.
- C’est un journal, m’a-t-elle confié. C’est le journal de Tamaracouta.
- C’est quoi, un nom de rue?
- Non. C’était mon amie. Elle connaissait l’heure de sa mort et a tout raconté là-dedans. Tout est vrai. Je l’ai lu et je l’ai connue. Elle est morte exactement comme elle l’a écrit.
- C’est plutôt incroyable, lui ai-je répondu, sceptique. J’ai beau croire à la littérature transgénique, ça ne fait pas de moi une valise.
- C’est un livre magique! m’a-t-elle affirmé du haut de ses onze ans.

C’était, comment dire, émouvant ou alors amusant. Je ne sais plus.

-Tamaracouta et son texte ne font qu’une seule et même personne. Et je me suis dit, puisque vous transformez les romans pour les améliorer, que vous pouviez changer celui-ci. Transformer la fin, par exemple.
- Ça ne se fait pas comme ça, en un tour de main!
- Modifier la fin, en laissant vivre Tamaracouta.
- Pardon?
- Il pourrait y avoir un incendie, comme le dit Tamaracouta, elle pourrait se faire frapper par une commode, comme il arrive, mais au lieu de mourir, elle serait inconsciente et son amie pourrait venir la sauver.
- Son amie?
- Moi.
- Trouver une fin heureuse…
- OUI! C’est important les fins heureuses. Vous pourriez modifier le texte et, comme le livre est magique, elle revivrait.
- Comme dans un conte?
- Non, je veux dire pour vrai. Tamaracouta ne mourrait pas à la fin de la rédaction de son journal.
- Ce n’est pas possible!
- Elle est toute dans son texte, a-t-elle continué. Ils sont liés l’un à l’autre. C’est comme la langue au paradis terrestre. Mon papa l’a dit. Connaître le nom des animaux, c’était connaître les animaux eux-mêmes. Il n’y avait pas de différence entre les deux. C’est la même chose avec Tamaracouta et son journal. Si on le transforme lui, on peut la faire revivre elle.
- C’est que nous sommes loin du paradis. Ça n’a jamais été attesté. Nous ne saurons jamais comment était le paradis.
- Je ne peux rien faire pour toi, ai-je fini par lui annoncer. Je peux changer des mots, améliorer des textes, mais je ne peux faire revivre des personnes décédées. Je ne peux pas changer le passé. Même si je parvenais à transformer le journal de ton amie, je ne pourrais pas la faire revivre.

J’ai cru qu’elle repartirait comme la première fois, se sauvant dès que je me lèverais. Mais elle était épuisée et quand je lui ai offert une chaise, elle n’a pas décliné l’offre.
Je me suis dépêché de la distraire…
J’avais le numéro de téléphone de son père et je voulais le rejoindre pour lui annoncer la bonne nouvelle : sa fille était revenue.
Je lui ai un baratin sur la littérature et la capacité que nous avions tous de faire revivre les gens en écrivant des textes qui les mettent en scène. Je passe sur les détails, on trouvera tout ça en librairie, mais le résultat en a été que Caroline s’est approchée de mon ordinateur et a déposé ses doigts crasseux sur mon beau clavier blanc.
Et surtout, SURTOUT!, elle a placé un deuxième cahier à côté d’elle. Ce n’était pas un journal, mais des parties d’un livre. Parties elles aussi carbonisées. Elle avait dû les ramasser dans le brasier qui avait tué son amie. Je ne l'affirme pas, je l'infère.

J’aurais bien vaporisé un peu de Lysol, mais le temps pressait.

Pendant que je téléphonais à son père qui devait être en train de devenir fou – imaginez, sa fille unique était partie depuis deux dodos! –, je me suis approché du livre. Je l’ai déplacé légèrement, histoire d’en examiner la page couverture. Ma surprise a été grande de reconnaître le titre d’un livre de son père.
Caroline avait sur elle une copie brûlée du récit de J. R. Berger, L’île des Pas perdus.
Pour une fugueuse, quel étrange choix…


vendredi 2 novembre 2007



Éric,

t'es-tu rendormi?

Es-tu reparti errer sur les terres du rêve et de l'ineptie?

C'est pas le moment, j'te jure.

Tu devrais voir ce que le monstre a pondu comme crottes ces derniers jours. Des modules comme de gros furoncles pestilentiels. On se croirait dans un film d'horreur de série B, quand la jeune fille seule dans sa grande maison vient de se dévêtir et s'apprête à prendre un bain, une douche ou un verre de lait. Nous savons tous qu'une jeune fille se rend toujours au réfrigérateur en petite tenue, surtout quand le monstre veille derrière la fenêtre.

Je me suis beaucoup intéressé au labyrinthe, mais j'te jure, j'avais jamais prévu passer de la théorie à la pratique... Le labyrinthe virtuel du monstre. Je me sens perdu et mes Arianes ne suffisent plus à la tâche. J'ai l'impression d'être un gros poisson qu'on tente de ramener à la surface. Un flétan d'un trentaine de livres au moins. Le fil est sur le point de lâcher et le moulinet grince.

Grince, grince, grince...

Le bateau tangue, la mer bientôt se lèvera et la métaphore soufflera comme une tempête (ou quelque chose du genre).


Bon, allez, réveille.

L'auteur (dans un brève réapparition)