lundi 4 février 2008

Une Université de Serge...

« Trouvez de l’argent! » clame M. Surprenant, notre directeur. Ce qui n’est pas… étonnant (eh oui, j’ai résisté), compte tenu que M. Renard, le recteur, le talonne de près pour qu’il lâche le morceau.

De l’argent, de l’argent, ça ne se trouve pas si facilement que ça, ce n’est pas comme si on pouvait cambrioler un dépanneur. Si le gouvernement ne nous en donne pas, comment voulez-vous qu’on en trouve? Nous ne sommes pas une multinationale, nous sommes un service public! Et la population a d’autres chats à fouetter que de jeter son maigre pécule dans un puits sans fond.

« Soyez imaginatif !» déclare M. Renard.
Comme si ça revenait à allumer une lumière… (ça me rappelle la vieille blague : combien d’uvamiens ça prend pour changer une lumière?)

Je me suis fouillé et me suis dit que la meilleure solution était de se trouver des commanditaires. Si les Canadiens de Montréal sont hébergés au Centre Bell, l’UVAM peut bien s’associer à des compagnies prestigieuses qui voudront délier les cordons de leur bourse pour nous assurer autre chose qu’un avenir en forme de gros CEGEP.

Or donc, voici quelques suggestions de commanditaires, avec leur slogan.

N° 10 Molson
L’UVAM, une Université de Serge!
(Imaginez une belle affiche brun chalet, avec une texture « écorce d’érable », et en arrière-plan un diplôme « écorce de bouleau »)

n° 9 Réno Dépot
L’UVAM. L’Université qui fait baisser le coût de l’éducation au Québec.
(ben quoi? c’est vrai non?)

n° 8 La Semaine
L’UVAM… Bonne semaine!
(C’est pas la meilleure, je sais, mais elle pourrait servir pendant les semaines de lecture… Ha ha!)

n° 7 Jean Coutu
L’UVAM. On y trouve de tout, même un diplôme!
(On devrait forcer les profs à recommencer à porter un sarrau… Et on donnerait un diplôme en prime à tous ceux qui sont capables d’écrire sarrau au pluriel sans se tromper. Je ne sais pas, disons un DESS en sarraus)

n° 6 Tim Horton
L’UVAM, toujours fraîche!
(Ce serait bien, il y aurait une boîte de TimBits à l’entrée des salles de classe en guise d’appât. En plus, la sécurité serait accrue sans qu’il n’en coûte rien à l’Université.)

n° 5 Mazda
L’UVAM. L’université qui fait vroum vroum!
(On aura compris que je fais référence au Vice-rectorat aux opérations universitaires et marchandes, responsable des PPP)

N°4 Nova Scotia
L’UVAM. Vous êtes plus intelligents que vous le croyez!
(De là à dire que nous donnerons des diplômes à rabais, il ne faut pas exagérer..)

n°3 Red Bull
L’UVAM. Une Université énergisante!
(Je vois déjà nos étudiants hyper excités entrer en classe pour des séances de défoulement collectif)

n°2 Brault et Martineau
À L’UVAM, on s’occupe de vous. Et vous ne payez rien avant mai 2010!
(auto explicatif)

n°1
L’UVAM
(Bon, j’avoue, je ne sais plus. Il faudrait que j’écoute la télé pour me remettre les slogans en tête. Mais si vous avez des suggestions, n’hésitez pas, je suis preneur.)

vendredi 1 février 2008

Reprise des travaux

(ou si vous préférez : reprise des hostilités)

Le Hertel fuit.
Je répète:
le Hertel fuit.

C’est à prendre évidemment au deuxième degré, un peu comme pour le vieux « Les carottes sont cuites », de la Deuxième Guerre mondiale, sauf qu’ici, il n’y a pas de code, il n’y a pas de maquis, et aucune offensive ne se prépare. Mais le Hertel fuit, ça c’est sûr. Il dégouline de partout. Son agent nettoyant laisse une longue coulée brunâtre sur la surface de ma table de travail. Il n’y a rien de plus salissant que du savon.

J’ai sorti le Hertel car mon département, le Département des arts du texte de l’UVAM (je tiens à le préciser), m’a demandé, en la personne de notre directeur, Théodore Surprenant, de faire un grand ménage à la Chaire de recherche en littérature transgénique.
J’ai sorti le Hertel et une éponge. Je suis même parti à la recherche d’une grande vadrouille (j’ai toujours eu un faible pour Bourvil).
Emmanuelle Alba a fini par me faire comprendre que le ménage n’était pas littéral, mais métaphorique. Il ne fallait pas jeter l’éponge, mais au contraire, profiter de la crise pour redorer le blason de la Chaire.

LA CRISE!!!

Des inspecteurs sont attendus, il faut que tout soit Spic and Span, comme disait ma mère. Que les budgets soient débarrassés de toute impureté, que les fournitures soient en ordre, que le personnel s’active, histoire de donner l’impression que nous travaillons comme des forçats.
La chaire est une galère, je vous jure.

LA CRISE FINANCIÈRE!!!

Je vais devoir expliquer tous ces ordinateurs qui roulent nuits et jours à la recherche de la pierre philosophale de la littérature transgénique, j’ai nommé le protocole TRANSLIT.
Je vais devoir aussi justifier les sommes pharamineuses investies dans ce projet de rénovation de la littérature, qui n’a accouché pour l’instant que de quelques pets sans conséquence. J’ai un atout dans ma manche, le journal de Tamaracouta (brought to you by vous savez qui), mais je préfère le garder jusqu’au dernier moment, comme on converse jusqu’à la toute fin le Joker dans une partie de Huit.
Je vais devoir réaffirmer la mission de la chaire : viser le futur, malgré l’incurie du présent. Il faut jeter le passé aux orties, vouer le présent aux gémonies, et frotter la lampe d’Aladin pour conjurer le mauvais sort qui pèse sur notre avenir.
Je vous le dis, il y a là une forme de censure déguisée. Sous couvert de problèmes budgétaires, l’administration veut imposer un bâillon à ses professeurs, à ses chercheurs, à ses intellectuels.

« Trouver des sous ! » a déclaré M. Étienne Renard, notre recteur.
« Coupez! Coupez! » clame-t-il comme un réalisateur sur un plateau de tournage.
Sabrons allègrement dans vos mission… Je vous jure. Pfff!

Rien ne m’arrêtera, rien ne retardera ma missions.
Mais pour mettre toutes les chances de mon côté, ça ne me coûte rien de passer un coup de balai. Ça ne peut pas faire de tort.