vendredi 1 février 2008

Reprise des travaux

(ou si vous préférez : reprise des hostilités)

Le Hertel fuit.
Je répète:
le Hertel fuit.

C’est à prendre évidemment au deuxième degré, un peu comme pour le vieux « Les carottes sont cuites », de la Deuxième Guerre mondiale, sauf qu’ici, il n’y a pas de code, il n’y a pas de maquis, et aucune offensive ne se prépare. Mais le Hertel fuit, ça c’est sûr. Il dégouline de partout. Son agent nettoyant laisse une longue coulée brunâtre sur la surface de ma table de travail. Il n’y a rien de plus salissant que du savon.

J’ai sorti le Hertel car mon département, le Département des arts du texte de l’UVAM (je tiens à le préciser), m’a demandé, en la personne de notre directeur, Théodore Surprenant, de faire un grand ménage à la Chaire de recherche en littérature transgénique.
J’ai sorti le Hertel et une éponge. Je suis même parti à la recherche d’une grande vadrouille (j’ai toujours eu un faible pour Bourvil).
Emmanuelle Alba a fini par me faire comprendre que le ménage n’était pas littéral, mais métaphorique. Il ne fallait pas jeter l’éponge, mais au contraire, profiter de la crise pour redorer le blason de la Chaire.

LA CRISE!!!

Des inspecteurs sont attendus, il faut que tout soit Spic and Span, comme disait ma mère. Que les budgets soient débarrassés de toute impureté, que les fournitures soient en ordre, que le personnel s’active, histoire de donner l’impression que nous travaillons comme des forçats.
La chaire est une galère, je vous jure.

LA CRISE FINANCIÈRE!!!

Je vais devoir expliquer tous ces ordinateurs qui roulent nuits et jours à la recherche de la pierre philosophale de la littérature transgénique, j’ai nommé le protocole TRANSLIT.
Je vais devoir aussi justifier les sommes pharamineuses investies dans ce projet de rénovation de la littérature, qui n’a accouché pour l’instant que de quelques pets sans conséquence. J’ai un atout dans ma manche, le journal de Tamaracouta (brought to you by vous savez qui), mais je préfère le garder jusqu’au dernier moment, comme on converse jusqu’à la toute fin le Joker dans une partie de Huit.
Je vais devoir réaffirmer la mission de la chaire : viser le futur, malgré l’incurie du présent. Il faut jeter le passé aux orties, vouer le présent aux gémonies, et frotter la lampe d’Aladin pour conjurer le mauvais sort qui pèse sur notre avenir.
Je vous le dis, il y a là une forme de censure déguisée. Sous couvert de problèmes budgétaires, l’administration veut imposer un bâillon à ses professeurs, à ses chercheurs, à ses intellectuels.

« Trouver des sous ! » a déclaré M. Étienne Renard, notre recteur.
« Coupez! Coupez! » clame-t-il comme un réalisateur sur un plateau de tournage.
Sabrons allègrement dans vos mission… Je vous jure. Pfff!

Rien ne m’arrêtera, rien ne retardera ma missions.
Mais pour mettre toutes les chances de mon côté, ça ne me coûte rien de passer un coup de balai. Ça ne peut pas faire de tort.

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