vendredi 12 janvier 2007

Thèse, taisez-vous!

Dans le but d’assurer ma crédibilité et de faire taire toutes les méchantes langues qui s’affairent dès que j’ai le dos tourné (imaginez!), j’ai cherché à inscrire ma thèse dans une université réputée. Il n’était question que j’entache ma réputation à l’UVAM, j’ai donc choisi la très circonspecte Université de Napierville, réputée pour ses cours de culture générale et son Département des études littéraires. J'aurais pu choisir un de ces "diploma mills", très présents sur Internet, mais j'ai préféré un produit local et francophone.

N’écoutant que mon courage et la pression du directeur de mon département , j’ai envoyé une missive au distingué Herméningilde Pérec.

Voici en fait ce que je leur ai envoyé. Et je croise les doigts…

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Cher M. le secrétaire général,

j'aimerais, par la présente, déposer ma thèse à l'Université de Napierville, que je considère être une institution de très haut calibre. En tant que titulaire de la Chaire de recherche en littérature transgénique, il m'apparaît indispensable d'être lié à l’un de vos programmes.

Voici les données essentielles de ma thèse qui, j'espère, saura vous plaire.

Titre de la thèse
Pour une littérature transgénique : expérimentations en vue de la création d’une nouvelle forme littéraire adaptée au XXIe siècle

Catégorie : théorie littéraire

Domaine : culture contemporaine

Auteur : Éric Lint, votre humble serviteur

Directeur de thèse : qui que ce soit (je ne serai pas regardant)

Résumé: L'auteur entreprend de démontrer, à partir d’un ensemble d’expérimentations, l’utilisation de greffes transgéniques littéraires. Le principe est simple: s’il est possible d’implanter des gènes de saumon dans des tomates, il doit être possible d’insérer des gènes du Château de Franz Kafka dans Trente Arpents de Ringuet, par exemple, ou des gènes de Lolita de Vladimir Nabokov dans Guerre et paix de Tolstoï, voire des gènes de L’Etranger d’Albert Camus dans La fille laide d’Yves Thériault. Grâce au protocole TRANSLIT, dont les prémisses sont développées dans sa thèse, l’auteur entend créer une littérature transgénique.
La littérature transgénique sauvera l’avenir des lettres, durement menacées par la culture de l’écran, en proposant aux lecteurs de demain des œuvres adaptées à leurs attentes et besoins, puisque créées à leur attention.

Voilà !

Si vous désirez obtenir plus de détails, je vous invite à vous rendre sur le site officiel de la Chaire de recherche en littérature transgénique dont j'ai l'infime bonheur d'être le titulaire.

Je vous remercie à l'avance de l’attention que vous porterez à cette requête.

Éric Lint
Département des arts du texte
Université de Villeray à Montréal

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Comme vous pour le constater, j'ai mis mes gants blancs. Mais on n'a pas tous les jours l'occasion de faire une première impression (c'était le slogan, si je ne m'abuse, d'un shampoing contre les pellicules... Mais il y a des lapalissades dont on ne se sépare plus).


1 commentaire:

Anonyme a dit...

Bon,
enfin quelqu'un qui met ses culottes et cherche à créer de la littérature qui convient parfaitement à la demande.
Pas de transgression des attentes du lecteur, tout pour lui plaire et aucune surprise audacieuse.

L'élite sera enfin remplacée par une masse éparse de badauds n'ayant que ce qu'ils veulent et rien de moins (ou rien de plus..)

Merci grandement Mr. Lint pour le progrès que vous apporterez à notre littérature bancale. Où seul quelques érudits peuvent comprendre les sens les plus subtils d'une littérature ma foi trop complexe et inutilement compliquée à comprendre.

fidèlement:
Bernard Grevista

P.S. En espérant que rapidement vous publierez une ébauche première de cette thèse.