mercredi 11 avril 2007

Un jeu de Kac Kac

C’est Pâques, et je voudrais qu’on sème à tous vents.
(J'avais écrit initialement: c'est Pâques et je voudrais qu'on m'aime... Mais je me suis retenu. Il ne faut jamais chercher à attirer la pitié, c'est pas bon pour son image. Il faut se répéter: je n'ai besoin de personne, je n'ai besoin de personne, je n'ai de soins de personne, snif).
La neige fond et je voudrais qu'on sème de la joie, des pétards à mèche, des jujubes que les enfants s’arracheraient en criant comme des déchaînés, des sels de bain qu’on lancerait pour les voir tomber en miroitant dans l’air tiède du printemps, des pétales de rose qui coloreraient le ciel tout en dégageant une suave odeur de… de… rose, je ne vois rien d’autre.
Je remplirais des pages nourries d’une écriture fine et distante que je laisserais partir de ma fenêtre ouverte, comme les confettis qui inondaient le ciel de New York au moment de la victoire des alliés, images dont j’ai revues une rediffusion à la télévision. Il n’y avait que du noir et blanc à l’époque et les bouts de papier tourbillonnant dans l’espace ouvert entre les gratte-ciels paraissaient être une neige miraculeuse, captant les rayons de soleil, transmis par réflexion aux lentilles des caméras qui rediffusaient le tout à l’écran.
Je créerais volontiers mon propre « ticker tape parade ».

Emmanuelle Alba, mon ange, est passée et a laissé dans mon casier une chemise que je me suis empressé d’ouvrir afin d’y découvrir un article dont la lecture me laisse encore bouche bée. Quelle bénédiction, cette Emmanuelle!
Il semble que Eduardo Kac, le célébrissime artiste brésilien, sera au Musée des arts, de la science et de la technologie de Villeray (MASTEVI).
Eduardo Kac, vous vous imaginez?
Kac, son nom résonne comme une samba à mes oreilles, un vent de Copacabana qui souffle sur le corps dynamique des jeunes joueurs de futeball.
Kac, le premier artiste à avoir proposé un art transgénique. Notre père à tous!

Il s’est manifesté la première fois, en 1999, au festival Ars Electronica de Linz, Autriche (un jour, je vous le jure, j’irai faire mon pèlerinage à cette Mecque de l’art nouveau). Il avait fabriqué un gène artistique, de nature synthétique, à partir d’une phrase de la Bible et plus précisément (remarquez son sens de l’à-propos) de la Genèse. Il avait traduit cette phrase en morse, puis il l’avait convertie en paires de base d’ADN. Le gène avait ensuite été implanté dans la bactérie E. coli. Un dispositif permettait, au moment de l’exposition d’Ars electronica, d’interagir avec la bactérie. En fait, toute personne pouvait, par le biais d’Internet, allumer une ampoule ultraviolette qui faisait muter la bactérie. La vie se déployait sous nos yeux, une vie allumée depuis les mots d’un texte.
Vous comprenez mon intérêt : si Kac peut se rendre aussi loin, et transformer du texte en vie, je dois pouvoir faire muter des gènes littéraires d’un texte à l’autre!
L’expérience de Kac a eu, on s’en doute, un grand retentissement. Et on a dit à son sujet :
« Des artistes comme Eduardo Kac travaillent sur des projets concernant notre avenir immédiat, dans lesquels la différenciation traditionnelle entre le naturel et l'artificiel – élaborée dans l'optique des concepts organique et auto-organisé pour les êtres vivants et déterminée extérieurement pour les machines – ne sera désormais plus valable. »
Et c’est ce même Eduardo Kac qui vient au MASTEVI! Peut-être nous parlera-t-il de son lapin transgénique au beau pelage vert fluo? Peut-être l’aura-t-il même avec lui? Je m’imagine aisément posséder un tel animal de compagnie. Un lapin de Pâques fluo, à mi-chemin entre le mammifère et l’anémone de mer.
Je dois à tout prix m’y rendre, le rencontrer et lui proposer une collaboration internationale. Il n’est pas dit que ma chaire sera passive! Je me dois d’être proactif, à défaut d’être transparent.
Vive les résurrections.

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Lumineux !
G.E.