dimanche 21 octobre 2007

Et ce n'est pas tout!

Reprenons.

J’ai la mémoire en compote.
À tout instant, une lumière vive inonde mon palais et je me retrouve dans un sombre labyrinthe. Je dois faire des efforts pour me souvenir.
Je me rappelle avoir expliqué à la jeune fille – son nom ne peut tout de même pas m’échapper, attendez, oui, ça me revient, c'est ça, oui, Caroline, je l’ai, elle s’appelle Caroline –, les principes de la littérature transgénique. Elle a été très étonnée du fait qu’on pouvait changer les histoires selon sa volonté.

- C’est ridicule, m’a-t-elle répondu. Les histoires, ça ne se change pas. C’est comme un carambolage. Ça ne se défait pas. C’est coulé dans le béton.
(Je ne garantis pas à 100% l'exactitude de cet échange, je fais du mieux que je peux. Ce n'est pas comme si j'avais un texte qu'il me suffisait de recopier d'un clic de souris...)
- Je ne sais pas pour les carambolages, lui ai-je répondu, sans perdre mon sang-froid, mais les histoires, on peut toujours changer celles qu’on n’aime pas. Transformer la fin. Modifier des chapitres. Ajouter des couleurs imprévues. Faire revivre des personnages.
- Un personnage, quand c’est mort, c’est mort.
- Pas toujours. On peut ajuster les romans pour qu’ils répondent à nos besoins et à nos goûts. Littéralement. Et sans rien perdre de la qualité initiale des textes! Je vais sauver la littérature! Pense, si je t’offrais un roman qui répondait parfaitement à tes attentes, pourrais-tu résister à sa lecture!

À ces mots, je te le jure, chère lectrice, la jeune fille a eu de la difficulté à retenir ses larmes. C'était émouvant.
- Et ton papa, lui ai-je demandé attendri, où est-il? Si on ne peut trouver ton oncle, on peut au moins téléphoner à tes parents. Ça sera facile. Téléphonons à tes parents. Internet ne fonctionne pas, mais le téléphone, lui, n’est pas coupé.
Je me suis levé, m’approchant délicatement de la jeune enfant. Je lui ai offert ma chaise, tenant le combiné du téléphone à la main. Elle a paru subitement nerveuse. Et avant même que je puisse réagir, elle a pris ses jambes à son cou. Elle s’est levée d’un bond et s’est lancée, avec son sac à dos, dans le couloir.
Je n’ai pas tenté de la pourchasser, même si l’idée a traversé mon esprit. J’ai déposé plutôt le combiné du téléphone et me suis remis benoîtement au travail.

Mais, attendez! Ce n’est pas tout. Car il y a une suite.
Un deuxième acte, si vous voulez.
Rideaux!

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